mardi 27 décembre 2016

Lancia : addio o ciao Belgio ?


Et voilà qu'on nous annonce à nouveau la fin de la commercialisation des Lancia, ou plutôt de la dernière Lancia, l'Ypsilon, en Belgique. Cela avait déjà été le cas en 2014, après les déclarations de Sergio Marchionne, administrateur délégué de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), selon lesquelles Lancia ne serait plus distribué qu'en Italie. Mais quelques mois plus tard, les concessions belges du groupe FCA avaient quasiment eu la primeur du restylage de cette Ypsilon. En toute discrétion cependant.

Or début décembre, quelques jours seulement après le 110ième anniversaire de Lancia, une nouvelle annonce est venue assombrir le paysage automobile belgo-italien. Cette fois, c'est en mars 2017 que la marque quitterait définitivement le sol belge. Une décision bien triste, mais somme toute logique, plus rien n'étant fait depuis 2 ans pour que Lancia puisse continuer à vivre ou survivre dans notre plat pays. Quasi absentes des concessions belges, seules 193 Ypsilon ont été immatriculées au cours des onze premiers mois 2016, alors que sur la même période de 2015, il y en avait eu déjà peu : 341 (données Febiac). Avec de si petits chiffres, Lancia est même largement dépassé par Maserati (284 immatriculations de janvier à novembre 2016).



Il est clair qu'une marque qui ne dispose plus que d'un seul modèle dans sa gamme est assez coûteuse à promouvoir, mais c'est regrettable d'avoir laissé tomber cette citadine qui avait une grande personnalité et aucune réelle concurrence dans le groupe FCA. C'est d'autant plus regrettable quand on sait dans quelle mesure l'Ypsilon se porte encore bien sur sa terre natale. Et que penser de cette mort annoncée, quand on voit par exemple le groupe PSA donner naissance à une nouvelle marque DS, bien content de pouvoir le faire sur la base d'un nom mythique mais sans réelle histoire comme celle de Lancia.

Certes, ce n'est pas l'Ypsilon, digne héritière de la mémorable Autobianchi A 112 qui a mis Lancia dans l'embarras, mais bien les mauvaises économies issues de la fusion entre Fiat et Chrysler, donnant naissance à de fausses Lancia (certains disent même qu'il n'y a plus de vraies Lancia depuis la reprise par Fiat en 1969) dénuées de qualités à nos yeux d'européens et indignes du blason turinois. Quelques kilomètres au volant d'une Chrysler rebadgée Lancia suffisent pour s'en rendre compte.

Alors, Lancia va t'elle définitivement rendre l'âme ? Non, car de belles Lancia du passé, on en verra encore longtemps. Par ailleurs, tout espoir n'est pas perdu. A l'heure de la relance d'Alfa Romeo sous le signe de l'émotion mécanique, on ne peut que souhaiter que celle-ci porte ses fruits et permette à FCA d'avoir le bon goût de faire de même avec Lancia un peu plus tard. Sans compter que Sergio Marchionne devrait prochainement quitter son poste et que son successeur aura probablement une vision différente de la sienne.

En 2003, cette Fulvia renaissante restera à l'état de prototype


La marque et ses spécificités, raffinement, avance technologique, ont en effet leurs places au sein de la galaxie FCA. La légère descente en gamme de Maserati avec la Ghibli, et le positionnement de la nouvelle Alfa Romeo Giulia ne suffisent pas à concurrencer les marques allemandes ou encore Jaguar. Et à l'heure où les voitures hybrides et électriques sont de plus en plus présentes dans l'actualité automobile mais aussi sur nos routes, tout en étant absentes au sein du groupe Fiat-Chrysler (hormis la confidentielle Fiat 500 électrique et la nouvelle Chrysler Pacifica aux Etats-Unis), pourquoi ne pas introduire ces modes de propulsion via une nouvelle génération de Lancia? Cher Monsieur Marchionne, la fortune sourit aux audacieux, et ne trouvez-vous pas qu'une Lancia hybride ou électrique, format SUV compact pour être tendance, avec un profil plus élancé de coupé pour se différencier, aurait fière allure ? Située entre l'électrique BMW i3 et les SUV premium allemands, elle pourrait séduire sans concurrencer directement L'Alfa Romeo Stelvio. Mais un tel modèle n'a jamais été évoqué, même pas sous une autre marque du groupe FCA, où c'est à Maserati que serait confiée la fée électricité ! A tout le moins, c'est plus agréable et plus viable à long terme que le diesel, et on peut également espérer que la marque au trident nous façonne la première électrique aussi musicale qu'une vraie italienne thermique ;-)

Pour terminer par une meilleure nouvelle au sujet de Lancia, signalons la sortie en librairie d'un beau livre retraçant l'histoire de la marque turinoise, et très justement intitulé : "Lancia, audace et élégance". J'espère que l'éditeur en aura glissé un exemplaire sous le sapin de Sergio Marchionne...


Et enfin, pour ceux qui ne l'ont pas encore découverte, la vidéo consacrée au fraichement lancé Lancia Heritage. Se pencher sur son passé, c'est bien, mais en tirer profit pour construire son avenir, c'est encore mieux.