lundi 26 septembre 2016

Une hélice centenaire et l'Italie

Le petit village italien d'Acciaroli, en Campanie, a plus de 10 % de sa population qui est centenaire, au point que des chercheurs américains se sont penchés sur le phénomène. Mais comme vous vous en doutez, ce n'est pas ce genre de centenaires qui nous intéresse ici.



Si les plus anciennes marques italiennes ont déjà fêté leur centième anniversaire depuis longtemps, en 2016, c'est une célèbre marque allemande, BMW, qui le fait. Le nom BMW, abréviation de Bayerische Motoren Werke, date cependant de 1917, car la société est née sous le nom BFW, Bayerische Flugzeugwerke. La firme a en effet commencé par construire des moteurs d'avion, d'où le sigle, symbolisant une hélice et reprenant les couleurs de la Bavière. Ce n'est qu'en 1928 que BMW commence à construire des voitures. Mais que fait-on en Bavière me direz-vous ? La région est belle, proche de l'Italie, et d'ailleurs se rendre dans le nord de l'Italie en passant par la Bavière et éventuellement l'Autriche est loin d'être une aberration. On peut aussi y fêter cet anniversaire en appréciant les grandes chopes de bières locales, en félicitant la marque allemande pour avoir su prendre l'ascendant sur sa grande rivale milanaise des années 70, Alfa Romeo, ou encore en se disant que si BMW est aujourd'hui un constructeur indépendant devenu grand, c'est essentiellement dû à la qualité incontestable de sa production, mais également un peu grâce à des interventions transalpines à des moments opportuns.

Le premier lien entre la marque bavaroise et l'Italie qui me vient à l'esprit est celui des Mille Miglia 1940. Ce fut la première victoire importante pour BMW, à l'époque beaucoup moins présente en sport automobile que ses compatriotes Mercedes et Auto-Union soutenues financièrement par le troisième Reich. La BMW 328 victorieuse était et reste une très belle voiture, surtout en version roadster.

Quelques galbes affriolants de la BMW 328

Après la seconde guerre mondiale, cette victoire passe évidemment aux oubliettes et BMW essaie d'abord de se relancer avec de luxueuses berlines animées par de gros moteurs 8 cylindres, dont la sublime 507 roadster dessinée par le comte von Goertz, américain comme son nom ne l'indique pas. Cependant avec ces modèles chers et peu en adéquation avec l'époque, la marque bavaroise est au bord de la faillite. Elle va toutefois y échapper en construisant sous licence la petite Isetta. Cette dernière, comme son nom le laisse deviner, est originaire d'Italie. Conçue initialement sous la marque Iso, un fabricant de réfrigérateurs converti à l'automobile avec l'Isetta puis à l'automobile sportive avec d'autres modèles bien différents, l'Isetta fut présentée au public lors du salon de Turin en 1953. Cet engin ovoïde à deux places ne connaîtra jamais le succès en Italie, et sera surtout construit sous licence, par Velam en France et BMW en Allemagne.

La BMW Isetta 300 exposée au BMW Brand Store de Bruxelles
C'est à l'issue des Mille Miglia 1954, où les Isetta italiennes se font remarquer à l'indice de performance, que BMW et Iso se mettent d'accord pour la production de la voiturette en Allemagne. L'Isetta bavaroise, propulsée comme il se doit par un moteur de moto BMW, connaîtra un succès relatif et sera produite à plus de 160.000 exemplaires entre 1955 et 1962. Voilà qui sauve BMW une première fois, sans encore donner à la marque une assise financière suffisante pour se développer, mais juste de quoi éviter le rachat par Mercedes-Benz! L'Isetta arrive en effet un peu trop tard, à un moment où les familles commencent à pouvoir se payer une voiture plus grande. Pour se rapprocher de ces familles, BMW, à partir de l'Isetta italienne, créera en 1957 sa 600, variante allongée de cet oeuf roulant permettant d'accueillir 4 personnes à bord. Pénalisée par un prix élevé, la BMW 600 ne sera produite qu'à 35.000 exemplaires.

La BMW 700 au regard encore proche de celui de l'Isetta


Viennent alors les années 60 et la percée de BMW dans le monde automobile, là aussi avec un soutien italien, puisque c'est sous le crayon du discret et prolifique Giovanni Michelotti (qui avait déjà oeuvré sur l'Isetta initiale) que naîtront les premières BMW à succès : la petite 700 (1958), à jamais liée aux premiers exploits automobiles de Jacky Ickx, la berline 1500 4 portes "neue klasse" (1961) qui retrouve le double haricot de calandre, les coupés 2000 C et CS (1965), la toujours populaire 1600 2 portes (1966) qui connaîtra une belle carrière commerciale et sportive avant de céder le relais à la Série 3, les berlines 2500 et 2800 (1968) qui ont précédé les Série 7, et également le coupé 2800 CS (1969), qui sera dérivé dans des versions plus musclées dont les fameuses 3.0 CSL. En 1968, BMW passe le cap des 100.000 voitures construites par an. C'est peu après que la marque bavaroise va entrer en concurrence directe avec Alfa Romeo, pour finir par supplanter nettement la sportive milanaise, notamment grâce aux succès sportifs de plus en plus nombreux pour la bavaroise au contraire de la milanaise, sans parler de la qualité des produits...

La calandre typique des BMW nées dans les années soixante

A l'heure actuelle, on constate avec amusement qu'il reste un petit coin d'Italie dans certaines BMW, le constructeur bavarois ayant choisi l'appellation "gran turismo" pour baptiser certaines variantes de ses modèles !

Enfin, pour clore ce chapitre bavarois, signalons qu'au BMW Brand Store de Bruxelles, quelques BMW anciennes côtoient les modèles actuels pour célébrer le centenaire de la marque, et ce jusqu'à la fin de cette année. Et à partir du 17 décembre, c'est le musée Autoworld de Bruxelles qui consacrera son exposition temporaire aux 100 ans de BMW, juste un an après avoir accueilli de si "belle macchine"...


lundi 5 septembre 2016

Une 500...ième pour les victimes du séisme

Une semaine après que la région centrale de l'Italie ait été durement touchée par un tremblement de terre meurtrier, le premier ministre italien Matteo Renzi et la chancelière allemande Angela Merkel se sont retrouvés dans un endroit pour le moins inhabituel. C'est en effet dans un village bien connu de la région de Modène, Maranello, et plus précisément dans la maison d'Enzo Ferrari, que ces deux grands du monde politique se sont entretenus à propos de l'avenir de l'Italie et de l'Europe, ainsi que des douloureux évènements récents. Ils furent accueillis à Maranello par les dirigeants de FCA et de Ferrari, dont Sergio Marchionne à la tenue toujours aussi décontractée...

Renzi, Merkel, Marchionne ont dû aussi évoquer Michael Schumacher


A cette occasion, le premier ministre italien a annoncé que pour récolter des fonds destinés à aider les populations touchées par le séisme, Ferrari allait mettre aux enchères une 500, ou plutôt une cinq centième. En effet, le constructeur produira une LaFerrari de plus que les 499 prévues initialement, et cette dernière construite sera mise aux enchères. Etant donné que les 499 premières LaFerrari sont déjà toutes vendues, on peut s'attendre à ce que les enchères atteignent quelques millions d'euros.

La Ferrari LaFerrari exposée à Autoworld il y a quelques mois


Plus discrètement mais aussi plus directement, le groupe FCA viendra lui aussi en aide aux sinistrés. Comment? D'abord en mettant à disposition une série de véhicules pour pallier aux premières nécessités sur les lieux du drame. Ensuite, au niveau des financements pour l'achat d'une voiture du groupe, le paiement des loyers sera suspendu pour les habitants des zones touchées, tandis que pour ceux qui ont perdu leur véhicule dans les tremblements de terre, un financement sans apport et sans intérêt sur une durée de 5 ans sera octroyé à l'achat d'une Fiat, Alfa Romeo ou Lancia neuve. Enfin, pour les véhicules endommagés mais réparables, Mopar fera une importante remise sur les pièces.

Tout cela représente bien peu par rapport aux vies perdues et aux souffrances de ceux qui restent, mais il n'empêche que de telles initiatives ne sont pas qu'une forme de publicité.