mardi 30 août 2016

Pebble Beach 2016 : Lancia au top

Traditionnellement au cours de la seconde quinzaine du mois d'août, tous les regards des amateurs d'automobiles de collection se tournent vers la Californie où se déroulent plusieurs évènements d'importance. A Monterey, sur le circuit de Laguna Seca, le sport automobile d'antan peut revivre quelques belles heures, tandis qu'à Pebble Beach, distant de quelques miles à peine, un des plus grands concours d'élégance d'automobiles anciennes prend possession des terrains de golf pour une journée chargée d'émotions.


Et cette année, l'Italie a été à l'honneur, puisque c'est une Lancia Astura cabriolet "tipo bocca" de 1936, carrossée par Pinin Farina, qui a été élue "best of the show". C'est la première fois depuis la création de ce concours d'élégance en 1950 que la victoire revient à une Lancia. Il n'y a eu que six exemplaires de cette Astura cabriolet carrossée par Pinin Farina à la demande d'un bien inspiré concessionnaire Lancia de Biella. Longue de 5,5 mètres, elle permet à 4 personnes de voyager très confortablement et peut atteindre les 130 km/h.

Equipées d'une noble mécanique à huit cylindres en V étroit (19°) délivrant la respectable puissance (pour l'époque) de 61 kW à 4000 tours/min, les Lancia Astura, dans les années 30, figuraient parmi  les plus luxueuses voitures italiennes, au point de séduire beaucoup de grands d'Italie et même de l'étranger.


L'exemplaire primé à Pebble Beach est chargé d'histoire. En 1962, cette Astura fut retrouvée en Grande-Bretagne, mais dans un état plus que moyen. Restaurée gracieusement par Pininfarina, trop heureux de retrouver un tel joyau, cette voiture a ensuite appartenu à Eric Clapton. Le célèbre guitariste en était visiblement ravi, puisqu'il déclara un jour à son propos: "c'est la chose la plus amusante que j'ai eu en dehors de la scène et du lit" !

Son propriétaire actuel, Richard Mattei, un entrepreneur américain plutôt épris d'Alfa Romeo, l'avait acquise en 2009. Il avait ensuite tenté de la vendre aux enchères en 2010, mais le prix de réserve fixé à 370.000 $ n'avait pas été atteint. Il décida alors de la restaurer une nouvelle fois, et c'est ainsi que la belle s'est retrouvée parmi d'autres divas sur le green de Pebble Beach et a finalement remporté ce concours d'élégance édition 2016.



mercredi 17 août 2016

Les prototypes Bertone de Lancia Stratos (1/2)

Lancia Stratos : un nom qui fait rêver, la première voiture conçue spécifiquement pour le rallye, qui succéda à la Lancia Fulvia Coupé HF, qui permit à la firme turinoise de s'adjuger trois titres constructeurs consécutifs au championnat du monde des rallyes et qui est encore dans toutes les mémoires des passionnés. Cette reine des rallyes a pu voir le jour grâce à deux prototypes de la Carrozzeria Bertone. Le premier de ceux-ci n'est certes pas tombé dans l'oubli, mais il ne bénéficie pas de la même aura que la championne homonyme à qui il a donné naissance.



Nous sommes à la fin des années 60, l'automobile italienne est alors à son apogée. A l'époque, on ne fait pas encore le buzz, mais un salon automobile est incontournable pour tous les constructeurs, ainsi que pour les grands carrossiers. La Carrozzeria Bertone et Marcello Gandini, son responsable du style, sont alors au sommet de leur art, magnifiant la fameuse ligne en coin, et beaucoup pensent qu'il leur sera impossible de faire plus novateur et spectaculaire que l'Alfa Romeo Carabo présentée au salon de Paris 1968.

Opération pare-brise ouvert au salon de Turin 1970

Et voici qu'arrive 1970 et la nouvelle décennie qui vont démontrer le contraire. Comme chaque année, le salon de Turin se déroule au mois d'octobre, et tous les grands carrossiers italiens se doivent donc d'y présenter le prototype qui attirera le grand public et le monde automobile. Tandis que Pininfarina y expose sa spectaculaire Ferrari Modulo déjà vue à Genève, Ital Design sa belle mais plus réaliste Porsche 914 Tapiro, c'est Bertone qui recueille les faveurs du public et des journalistes avec sa Stratos HF. En partant d'une mécanique de Lancia Fulvia Coupé HF achetée d'occasion par souci de discrétion, après avoir mis le moteur en position centrale arrière et conçu un châssis spécifique, Bertone, Gandini et son coup de crayon réalisent une voiture ultra basse : 84 cm de haut, soit une dizaine de centimètres de plus que votre table de salle à manger! Un peu trop bas pour des portières latérales, et c'est donc le pare-brise articulé en son sommet qui permet d'accéder à l'habitacle tout en enjambant la planche de bord minimaliste, la plupart des informations étant affichées dans un pavé rectangulaire de contrôle, sorte de tablette avant l'heure, à gauche du conducteur. Une fois à l'intérieur, c'est en tirant le volant vers lui que le conducteur ferme le pare-brise, et il lui suffit de faire le mouvement inverse avant de pouvoir quitter son vaisseau spatial. Il n'y avait donc pas de portières, mais deux petites fenêtres latérales de chaque côté, dont la supérieure coulissante ne devait pas être d'un grand secours pour les premiers péages de l'époque ! Même le capot moteur sortait de l'ordinaire, de par sa forme triangulaire, son articulation latérale et ses 5 persiennes en forme de flèche bien plus osées que les transversales de la Carabo.

Du fait de sa faible hauteur, une longueur de 3,58 m suffisait à cette première Stratos pour offrir un profil élancé et bien proportionné. Vu ses dimensions compactes, la masse à vide de l'engin n'était que de 710 kg.



Si le style trop avant gardiste et peu fonctionnel de cette première Stratos HF n'a logiquement pas inspiré celui de sa descendante conçue pour le rallye, on peut y voir une première ébauche de la future Lamborghini Countach qui sera présentée sous forme de prototype au salon de Genève 1971. On y retrouve le même profil en coin, les caractéristiques passages de roue postérieurs, un arrière surélevé et une fine barrette grise remplaçant la rampe horizontale de phares de la Stratos.

La Stratos de 1970 devant l'Atomium de 1958


Plus encore que dans les salons automobiles, la Stratos Prototipo Zero a suscité étonnement et émoi lors de ses sorties routières. Certains journalistes ont eu le privilège de l'essayer, qui plus est non pas sur des circuits, mais bien dans la circulation, par exemple à Bruxelles où la Stratos a même pu goûter les pavés de la Grand Place, pas encore interdite à la circulation automobile à l'époque. Philippe Toussaint a ainsi eu l'occasion de prendre pendant une heure le volant du prototype qui venait d'être exposé au salon de Bruxelles 1971, sans pouvoir cependant dépasser les 120 km/h à la demande des représentants de Bertone. Il avait mis en avant, et on l'aurait bien deviné, les problèmes de visibilité vers l'avant, les montants de pare-brise des voitures traditionnelles étaient encore fins à l'époque, et surtout vers l'arrière. Un rétroviseur central télescopique sera d'ailleurs monté quelques temps après, comme on peut le voir sur les photos du prototype évoluant dans la circulation milanaise. 

A Milan, au milieu de la circulation "contemporaine"







mercredi 3 août 2016

Coppa d'Oro delle Dolomiti 2016

Les Dolomites, tout le monde connaît cette partie des Alpes située en Italie et classée depuis 2009 par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. C'est donc un théâtre idéal pour une belle et difficile course automobile. En 1947, la Coppa delle Dolomiti y fut créée sous forme d'une course de vitesse sur route ouverte, à l'image des célèbres Mille Miglia et de tant d'autres épreuves de l'époque. Le parcours, long de 303,8 km, était une boucle partant et arrivant à Cortina d'Ampezzo, et empruntant de nombreux et sinueux cols de la région. Rebaptisée plus tard Coppa d'Oro delle Dolomiti, l'épreuve n’eut lieu qu'à dix reprises. En effet, c'est en 1957 que les Mille Miglia furent endeuillées par la mort de deux concurrents et de neuf spectateurs, ce qui mit un terme à cette course mythique et à de nombreuses autres épreuves du même type.

Ferrari 225 S Vignale, en 2016 comme en 1952 !

Lors de la dernière édition de la Coppa d'Oro en 1956, le record de l'épreuve fut définitivement établi par une petite Osca MT 4 1500 à une moyenne légèrement supérieure à 100 km/h. Au palmarès de l'épreuve, seuls des Italiens au volant d'italiennes (Alfa Romeo, Lancia et Osca à une reprise, Maserati deux fois et Ferrari quatre) ont gravi la plus haute marche du podium. A une exception près cependant, puisqu'en 1955, le belge Olivier Gendebien remporta l'épreuve au volant d'une Mercedes 300 SL.


Pas très spacieuse cette Fiat 508 C MM Spider (1933)
Tout le contraire pour ce coupé Lancia Flaminia (1959)

Depuis 1972, la Coppa d'Oro delle Dolomiti revit sous forme d'un rallye de régularité (épreuve constituée de sections à moyenne imposée, avec un maximum de 38 km/h), attirant chaque année concurrents italiens et étrangers au volant de bolides octogénaires pour les plus anciens, quinquagénaires pour les plus jeunes. Cette année, trois redoutables étapes, dont une nocturne, attendaient les concurrents qui faisaient aussi une incursion dans l'Autriche voisine. Leurs montures ? Prestigieuses et sportives, les locales Alfa Romeo, Lancia, Fiat et Ferrari étant entourées entre autres  par des Porsche, Jaguar, Mercedes, sans oublier de plus exclusives Lagonda, Delahaye ou Bugatti.
La victoire n'a pas échappé à une transalpine, une "moderne" Alfa Romeo Giulietta TI s'imposant devant une MG de 1933. A noter la participation d'une superbe Ferrari 225 S qui avait participé à la "vraie" course en 1952 et qui a aussi dévoilé ses charmes au dernier Concours d'Elégance de la Villa d'Este.

L'Alfa Romeo Giulietta TI (1961) des vainqueurs 2016
Une rare Giulietta Spider tipo Sebring  (1956)

Lors de mon bref séjour dans le nord de l'Italie, je n'ai pu m'empêcher de profiter du voisinage de la Coppa d'Oro delle Dolomiti pour y faire un détour. Ce fut l'occasion de profiter des superbes paysages et des jolies routes des "passo Giau" et "passo Pordoi", point culminant de l'ancienne Coppa d'Oro, que je vous recommande vivement.

La météo y avait plutôt l'accent de notre plat pays, ce dont certains concurrents auront souffert, peu à l'abri dans leurs bolides plus qu'aérés. Mais c'est plutôt le timing de mon séjour qui m'a empêché d'aller admirer les voitures à l'assaut d'un des nombreux cols jalonnant le parcours. C'est donc d'un petit village proche du terme de l'épreuve, Valle di Cadore, où quelques tifosi de tous âges s'étaient rassemblés, que je vous ai ramené quelques souvenirs photographiques.

Une Aurelia B24 Spider (1953), poursuivie par une Jeep, tout un symbole...
Alfa Romeo Giulietta Spider (1961)
Ciao Bella ! Ferrari 212 Berlientta Touring (1952)