jeudi 11 mai 2017

11 mai 1947 : la première Ferrari en course

Cette année 2017 est l'occasion de célébrer le septantième anniversaire de la marque automobile la plus fascinante au monde, Ferrari. Chez nous, il ne faudra pas manquer la prochaine grande exposition Ferrari au musée Autoworld de Bruxelles, du 15 juillet au 3 septembre, sans oublier en guise d'apéritif, l'exposition Dino qui se déroulera quant à elle du 3 juin au 11 juillet.

Mais revenons en 1947. Né 49 ans plus tôt, Enzo Ferrari aura patienté longtemps avant de voir un bolide portant son nom. Après une longue histoire d'amour avec la milanaise Alfa Romeo, il fut contraint, selon les clauses du divorce, à donner un nom anonyme à la première voiture qu'il conçut indépendamment un an plus tard, en 1939, l'Auto Avio Costruzioni tipo 815.

Ce n'est qu'en mars 1947 que la première vraie Ferrari, la 125 S, vit le jour. Déjà animée par un moteur 12 cylindres en V, d'une cylindrée de 1500 cm3 (d'où le "nom" 125, correspondant à la cylindrée unitaire), ce premier enfant d'une grande lignée ne tarda pas à être aligné en course. A l'époque, Ferrari ne pensait en effet pas encore à construire des voitures de route, ce qu'il fera plus tard dans le but de financer le département compétition.

Franco Cortese et sa Ferrari 125 S au circuit de Piacenza

Pour le circuit de Piacenza (une ville d'Emilie-Romagne, située à une bonne centaine de kilomètres de Maranello, où s'était déjà installé Ferrari) se déroulant le 11 mai 1947, deux voitures furent engagées, la première pour Franco Cortese, la seconde pour Giuseppe Farina. Ce dernier ne prit toutefois pas part à la course, car il aurait voulu échanger sa Ferrari avec celle de Cortese, mais Enzo Ferrari refusa. Cortese se retrouva donc seul pour défendre les couleurs du petit cheval cabré. Après un début de course difficile, il parvint à remonter jusqu'à la première place, mais dut abandonner à trois tours de l'arrivée suite à des problèmes d'alimentation d'essence. Cependant, deux semaines plus tard, la même 125 S, toujours aux mains de Franco Cortese, allait remporter sa première victoire sur le circuit Caracalla à Rome.

jeudi 12 janvier 2017

Immatriculations 2016

L'Alfa Romeo Giulia Veloce bientôt sur les routes belges


2016, encore une année derrière nous. Après quelques années de vaches maigres, c'était enfin une année de nouveautés pour le groupe FCA, et vu qu'il s'agissait de nouveautés printanières, on pouvait s'attendre à voir la progression du groupe se confirmer sur le marché belge. Las ! Dans une excellente année pour l'ensemble du marché belge, puisque 539.519 voitures neuves ont été immatriculées en 2016 (soit 7,1% de plus que l'année précédente), les immatriculations de nouvelles italiennes ne font pas vraiment bonne figure, comme le montrent les chiffres repris dans le premier tableau ci-dessous.


20162015
marquenombrepart de marchénombrepart de marché
FIAT14.8482,75 %13.9022,77 %
ALFA ROMEO2.0050,37 %2.0540,41 %
MASERATI3110,06 %3070,06 %
LANCIA2050,04 %3620,07 %
FERRARI700,01 %810,02 %
LAMBORGHINI180,00 %220,01 %


Même si plus de Fiat neuves ont été immatriculées en 2016, Fiat et Alfa Romeo n'ont pas vu leurs ventes croîtrent aussi fort que celles de l'ensemble du marché belge, et leurs parts de marché ont donc légèrement diminué. Alors que l'année 2015 avait vu la commercialisation de la 500 X, de la Tipo 3 volumes et le restylage de la 500, 2016 s’annonçait un meilleur cru, avec les nouvelles Tipo 2 volumes et break, la nouvelle 124 Spider, et la très attendue nouvelle Giulia, sans parler des évolutions esthétiques des Abarth, Mito et Giulietta. On pouvait donc espérer que ces nouveautés allaient permettre à Fiat et à Alfa Romeo d'augmenter sensiblement leur part de marché. Il n'en est donc rien, et pour Fiat (voir le tableau ci-dessous), le deuxième semestre 2016 a même été synonyme d'un net recul en terme de pénétration, alors que l'effet des nouveautés 2016 aurait dû s'y faire plus sentir.


2ième semestre 20162ième semestre 2015
marquenombrepart de marchénombrepart de marché
FIAT6.0212,62 %6.3392,98 %
ALFA ROMEO1.0420,45 %8510,40 %
MASERATI1640,07 %1150,05 %
LANCIA760,03 %1450,07 %
FERRARI240,01 %390,02 %
LAMBORGHINI100,00 %60,00 %

Malgré le bon accueil que lui a réservé la presse, la Fiat Tipo serait-elle déjà délaissée par les services commerciaux de l'importateur, comme le sont pratiquement toutes les Fiat hormis la ou les 500 ? On en aura une idée plus précise lors du prochain salon de Bruxelles, mais si la Tipo ne parvient pas à se faire une place dans son segment, quel modèle soutiendra les ventes de Fiat et comblera l'essoufflement inéluctable de la petite 500, qui fêtera déjà ses 10 ans en juillet 2017 ? Elle a bien tenu le coup jusqu'ici, aidée par des nouveautés régulières : le cabriolet, le twinair, le restylage de 2016. Cependant à l'heure actuelle, 10 ans c'est énorme pour une voiture, et je crains qu'elle ne puisse plus se renouveler autant et que ses ventes diminuent régulièrement. Ce ne sont pas celles des Punto et Panda qui pourront compenser, loin de là , le grand public belge ignorant probablement que ces modèles sont encore commercialisés...

Fiat Tipo 5 portes et break, encore trop rares en Belgique


Heureusement, pour Alfa Romeo, le deuxième semestre s'avère plus positif et laisse entrevoir de meilleures perspectives, la Giulia étant de plus désormais proposée dans de nouvelles variantes Veloce. On espère aussi que la prochaine milanaise, au format Suv et joliment baptisée Stelvio, sera introduite en 2017 sur notre marché.

Inutile de commenter les ventes de Lancia, qui seront tristement nulles dans quelques semaines. Par contre, et en se basant à nouveau sur les chiffres du second semestre, Maserati connait une nouvelle embellie, grâce à la commercialisation du Levante et aux mises à jour récentes des deux berlines de la gamme, les Quattroporte et Ghibli.

L'impressionnante Maserati Levante


Et à l'étranger me direz-vous, les situations sont elles comparables, ou bien le marché belge reste-t-il atypique et peu favorable aux italiennes, vu la part importante des voitures de société chez nous ?

En Italie, dans un marché qui progresse de 15,8 % par rapport à 2015, le groupe FCA fait globalement mieux, avec une progression de 18,5 %. Au sein du groupe, c'est la marque Jeep qui se distingue (+ 35 %), suivie par Fiat qui progresse de 21,1 %, et Alfa Romeo qui progresse de 19,2 %. Des résultats plus en adéquation avec les nouveautés récemment introduites, mais dans un marché totalement différent du nôtre, car les deux modèles les plus vendus (en décembre 2016) y sont la Fiat Panda et la Lancia Ypsilon...

Plus prés de chez nous, en France, les italiennes font mieux que se défendre. Alors que les ventes de voitures neuves y ont augmenté de 5,1 % par rapport à 2015, Fiat voit sa part de marché passer au-dessus des 3 %, avec une progression de 14,9 %. Alfa Romeo fait encore un peu mieux avec 15,4 % d'augmentation. A noter que parmi les constructeurs importants, seuls Kia, Hyundai et Jeep font mieux, en terme de progression, que les deux plus importants constructeurs transalpins.

Ainsi donc, si le sourire est de mise en Italie, en France, et probablement globalement en Europe, l'importateur belge pour le groupe FCA a des soucis à se faire et beaucoup de travail en perspective pour améliorer le futur bilan 2017.

50 ans après, des similitudes entre les 124 spider, mais Fiat a bien changé

mardi 27 décembre 2016

Lancia : addio o ciao Belgio ?


Et voilà qu'on nous annonce à nouveau la fin de la commercialisation des Lancia, ou plutôt de la dernière Lancia, l'Ypsilon, en Belgique. Cela avait déjà été le cas en 2014, après les déclarations de Sergio Marchionne, administrateur délégué de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), selon lesquelles Lancia ne serait plus distribué qu'en Italie. Mais quelques mois plus tard, les concessions belges du groupe FCA avaient quasiment eu la primeur du restylage de cette Ypsilon. En toute discrétion cependant.

Or début décembre, quelques jours seulement après le 110ième anniversaire de Lancia, une nouvelle annonce est venue assombrir le paysage automobile belgo-italien. Cette fois, c'est en mars 2017 que la marque quitterait définitivement le sol belge. Une décision bien triste, mais somme toute logique, plus rien n'étant fait depuis 2 ans pour que Lancia puisse continuer à vivre ou survivre dans notre plat pays. Quasi absentes des concessions belges, seules 193 Ypsilon ont été immatriculées au cours des onze premiers mois 2016, alors que sur la même période de 2015, il y en avait eu déjà peu : 341 (données Febiac). Avec de si petits chiffres, Lancia est même largement dépassé par Maserati (284 immatriculations de janvier à novembre 2016).



Il est clair qu'une marque qui ne dispose plus que d'un seul modèle dans sa gamme est assez coûteuse à promouvoir, mais c'est regrettable d'avoir laissé tomber cette citadine qui avait une grande personnalité et aucune réelle concurrence dans le groupe FCA. C'est d'autant plus regrettable quand on sait dans quelle mesure l'Ypsilon se porte encore bien sur sa terre natale. Et que penser de cette mort annoncée, quand on voit par exemple le groupe PSA donner naissance à une nouvelle marque DS, bien content de pouvoir le faire sur la base d'un nom mythique mais sans réelle histoire comme celle de Lancia.

Certes, ce n'est pas l'Ypsilon, digne héritière de la mémorable Autobianchi A 112 qui a mis Lancia dans l'embarras, mais bien les mauvaises économies issues de la fusion entre Fiat et Chrysler, donnant naissance à de fausses Lancia (certains disent même qu'il n'y a plus de vraies Lancia depuis la reprise par Fiat en 1969) dénuées de qualités à nos yeux d'européens et indignes du blason turinois. Quelques kilomètres au volant d'une Chrysler rebadgée Lancia suffisent pour s'en rendre compte.

Alors, Lancia va t'elle définitivement rendre l'âme ? Non, car de belles Lancia du passé, on en verra encore longtemps. Par ailleurs, tout espoir n'est pas perdu. A l'heure de la relance d'Alfa Romeo sous le signe de l'émotion mécanique, on ne peut que souhaiter que celle-ci porte ses fruits et permette à FCA d'avoir le bon goût de faire de même avec Lancia un peu plus tard. Sans compter que Sergio Marchionne devrait prochainement quitter son poste et que son successeur aura probablement une vision différente de la sienne.

En 2003, cette Fulvia renaissante restera à l'état de prototype


La marque et ses spécificités, raffinement, avance technologique, ont en effet leurs places au sein de la galaxie FCA. La légère descente en gamme de Maserati avec la Ghibli, et le positionnement de la nouvelle Alfa Romeo Giulia ne suffisent pas à concurrencer les marques allemandes ou encore Jaguar. Et à l'heure où les voitures hybrides et électriques sont de plus en plus présentes dans l'actualité automobile mais aussi sur nos routes, tout en étant absentes au sein du groupe Fiat-Chrysler (hormis la confidentielle Fiat 500 électrique et la nouvelle Chrysler Pacifica aux Etats-Unis), pourquoi ne pas introduire ces modes de propulsion via une nouvelle génération de Lancia? Cher Monsieur Marchionne, la fortune sourit aux audacieux, et ne trouvez-vous pas qu'une Lancia hybride ou électrique, format SUV compact pour être tendance, avec un profil plus élancé de coupé pour se différencier, aurait fière allure ? Située entre l'électrique BMW i3 et les SUV premium allemands, elle pourrait séduire sans concurrencer directement L'Alfa Romeo Stelvio. Mais un tel modèle n'a jamais été évoqué, même pas sous une autre marque du groupe FCA, où c'est à Maserati que serait confiée la fée électricité ! A tout le moins, c'est plus agréable et plus viable à long terme que le diesel, et on peut également espérer que la marque au trident nous façonne la première électrique aussi musicale qu'une vraie italienne thermique ;-)

Pour terminer par une meilleure nouvelle au sujet de Lancia, signalons la sortie en librairie d'un beau livre retraçant l'histoire de la marque turinoise, et très justement intitulé : "Lancia, audace et élégance". J'espère que l'éditeur en aura glissé un exemplaire sous le sapin de Sergio Marchionne...


Et enfin, pour ceux qui ne l'ont pas encore découverte, la vidéo consacrée au fraichement lancé Lancia Heritage. Se pencher sur son passé, c'est bien, mais en tirer profit pour construire son avenir, c'est encore mieux.




vendredi 18 novembre 2016

Les prototypes Bertone de Lancia Stratos (2/2)


Dès la présentation de la Lancia Stratos HF sur le stand Bertone du salon de Turin 1970, Cesare Fiorio, alors directeur du département sportif de Lancia, fut vivement et logiquement très intéressé. La jolie Fulvia Coupé HF pouvait alors s'enorgueillir de glaner encore de nombreux succès dans les rallyes de haut niveau, mais il était clair qu'une voiture équipée du même moteur en position centrale arrière, gage d'une excellente tenue de route et d'une grande maniabilité, plus légère et étudiée spécifiquement pour ce type de compétition, serait idéale. Cependant le dessin et la conception très futuristes de ce premier prototype Stratos n'étaient pas compatibles avec les exigences de la compétition.

C'est en février 1971 que la première rencontre officielle eut lieu entre d'une part l'ingegnere Ugo Gobbato directeur général de Lancia, accompagné de Cesare Fiorio, et d'autre part Nuccio Bertone, arrivé au siège de Lancia au volant de son prototype. A partir de ce moment, et afin de répondre à la demande de la firme turinoise, Bertone développa un deuxième prototype de Lancia Stratos, nettement moins futuriste et avec comme objectif d'en faire une voiture de rallye à moteur central. Un peu plus haute (1,08 m) et longue (3,67 m), un peu moins large (1,70 m), cette Stratos était cette fois animée du moteur V6 Dino Ferrari, car à l'époque Bertone mettait la dernière main à la carrosserie de la Dino 308 GT 4. Initialement ce propulseur n'était destiné qu'à équiper le prototype de salon car chez Lancia on souhaitait utiliser un moteur maison. Mais les idées changent, et après un premier refus de la part d'Enzo Ferrari, le V6 Dino fut finalement monté sur les Stratos de série. Le Commendatore céda après avoir obtenu de Lancia le prêt de son meilleur pilote, Sandro Munari, pour qu'il dispute la Targa Florio 1972 au volant d'une Ferrari 312 PB, course qu'il remporta d'ailleurs.



Comme le précédent, ce second prototype de Lancia Stratos fut présenté officiellement au Salon de Turin, en novembre 1971. Cette fois, il n'était plus question d'y entrer en soulevant le pare-brise, mais via des portières plus conventionnelles. Le pare-brise quant à lui, était devenu très incurvé, gage d'une excellente visibilité, indispensable pour bien viser la corde lors des spéciales que cette Stratos se préparait à affronter. Nonobstant ce pare-brise, on retrouve la ligne en coin caractéristique de l'époque, et le profil de cette Stratos n'est d'ailleurs pas sans évoquer celui de la déjà nommée Dino 308 GT 4, du moins sous la ceinture de caisse.

La suite est une autre, longue et belle histoire, la Stratos abandonnant son statut de prototype pour s'en aller vers celui d'incontestable reine des rallyes. Elle les domina jusqu'à ce que la maison mère, Fiat, décide de la remplacer par la Fiat 131 Abarth. Nul ne sait quand le règne de la Stratos aurait pris fin sans cette décision assassine.





lundi 26 septembre 2016

Une hélice centenaire et l'Italie

Le petit village italien d'Acciaroli, en Campanie, a plus de 10 % de sa population qui est centenaire, au point que des chercheurs américains se sont penchés sur le phénomène. Mais comme vous vous en doutez, ce n'est pas ce genre de centenaires qui nous intéresse ici.



Si les plus anciennes marques italiennes ont déjà fêté leur centième anniversaire depuis longtemps, en 2016, c'est une célèbre marque allemande, BMW, qui le fait. Le nom BMW, abréviation de Bayerische Motoren Werke, date cependant de 1917, car la société est née sous le nom BFW, Bayerische Flugzeugwerke. La firme a en effet commencé par construire des moteurs d'avion, d'où le sigle, symbolisant une hélice et reprenant les couleurs de la Bavière. Ce n'est qu'en 1928 que BMW commence à construire des voitures. Mais que fait-on en Bavière me direz-vous ? La région est belle, proche de l'Italie, et d'ailleurs se rendre dans le nord de l'Italie en passant par la Bavière et éventuellement l'Autriche est loin d'être une aberration. On peut aussi y fêter cet anniversaire en appréciant les grandes chopes de bières locales, en félicitant la marque allemande pour avoir su prendre l'ascendant sur sa grande rivale milanaise des années 70, Alfa Romeo, ou encore en se disant que si BMW est aujourd'hui un constructeur indépendant devenu grand, c'est essentiellement dû à la qualité incontestable de sa production, mais également un peu grâce à des interventions transalpines à des moments opportuns.

Le premier lien entre la marque bavaroise et l'Italie qui me vient à l'esprit est celui des Mille Miglia 1940. Ce fut la première victoire importante pour BMW, à l'époque beaucoup moins présente en sport automobile que ses compatriotes Mercedes et Auto-Union soutenues financièrement par le troisième Reich. La BMW 328 victorieuse était et reste une très belle voiture, surtout en version roadster.

Quelques galbes affriolants de la BMW 328

Après la seconde guerre mondiale, cette victoire passe évidemment aux oubliettes et BMW essaie d'abord de se relancer avec de luxueuses berlines animées par de gros moteurs 8 cylindres, dont la sublime 507 roadster dessinée par le comte von Goertz, américain comme son nom ne l'indique pas. Cependant avec ces modèles chers et peu en adéquation avec l'époque, la marque bavaroise est au bord de la faillite. Elle va toutefois y échapper en construisant sous licence la petite Isetta. Cette dernière, comme son nom le laisse deviner, est originaire d'Italie. Conçue initialement sous la marque Iso, un fabricant de réfrigérateurs converti à l'automobile avec l'Isetta puis à l'automobile sportive avec d'autres modèles bien différents, l'Isetta fut présentée au public lors du salon de Turin en 1953. Cet engin ovoïde à deux places ne connaîtra jamais le succès en Italie, et sera surtout construit sous licence, par Velam en France et BMW en Allemagne.

La BMW Isetta 300 exposée au BMW Brand Store de Bruxelles
C'est à l'issue des Mille Miglia 1954, où les Isetta italiennes se font remarquer à l'indice de performance, que BMW et Iso se mettent d'accord pour la production de la voiturette en Allemagne. L'Isetta bavaroise, propulsée comme il se doit par un moteur de moto BMW, connaîtra un succès relatif et sera produite à plus de 160.000 exemplaires entre 1955 et 1962. Voilà qui sauve BMW une première fois, sans encore donner à la marque une assise financière suffisante pour se développer, mais juste de quoi éviter le rachat par Mercedes-Benz! L'Isetta arrive en effet un peu trop tard, à un moment où les familles commencent à pouvoir se payer une voiture plus grande. Pour se rapprocher de ces familles, BMW, à partir de l'Isetta italienne, créera en 1957 sa 600, variante allongée de cet oeuf roulant permettant d'accueillir 4 personnes à bord. Pénalisée par un prix élevé, la BMW 600 ne sera produite qu'à 35.000 exemplaires.

La BMW 700 au regard encore proche de celui de l'Isetta


Viennent alors les années 60 et la percée de BMW dans le monde automobile, là aussi avec un soutien italien, puisque c'est sous le crayon du discret et prolifique Giovanni Michelotti (qui avait déjà oeuvré sur l'Isetta initiale) que naîtront les premières BMW à succès : la petite 700 (1958), à jamais liée aux premiers exploits automobiles de Jacky Ickx, la berline 1500 4 portes "neue klasse" (1961) qui retrouve le double haricot de calandre, les coupés 2000 C et CS (1965), la toujours populaire 1600 2 portes (1966) qui connaîtra une belle carrière commerciale et sportive avant de céder le relais à la Série 3, les berlines 2500 et 2800 (1968) qui ont précédé les Série 7, et également le coupé 2800 CS (1969), qui sera dérivé dans des versions plus musclées dont les fameuses 3.0 CSL. En 1968, BMW passe le cap des 100.000 voitures construites par an. C'est peu après que la marque bavaroise va entrer en concurrence directe avec Alfa Romeo, pour finir par supplanter nettement la sportive milanaise, notamment grâce aux succès sportifs de plus en plus nombreux pour la bavaroise au contraire de la milanaise, sans parler de la qualité des produits...

La calandre typique des BMW nées dans les années soixante

A l'heure actuelle, on constate avec amusement qu'il reste un petit coin d'Italie dans certaines BMW, le constructeur bavarois ayant choisi l'appellation "gran turismo" pour baptiser certaines variantes de ses modèles !

Enfin, pour clore ce chapitre bavarois, signalons qu'au BMW Brand Store de Bruxelles, quelques BMW anciennes côtoient les modèles actuels pour célébrer le centenaire de la marque, et ce jusqu'à la fin de cette année. Et à partir du 17 décembre, c'est le musée Autoworld de Bruxelles qui consacrera son exposition temporaire aux 100 ans de BMW, juste un an après avoir accueilli de si "belle macchine"...


lundi 5 septembre 2016

Une 500...ième pour les victimes du séisme

Une semaine après que la région centrale de l'Italie ait été durement touchée par un tremblement de terre meurtrier, le premier ministre italien Matteo Renzi et la chancelière allemande Angela Merkel se sont retrouvés dans un endroit pour le moins inhabituel. C'est en effet dans un village bien connu de la région de Modène, Maranello, et plus précisément dans la maison d'Enzo Ferrari, que ces deux grands du monde politique se sont entretenus à propos de l'avenir de l'Italie et de l'Europe, ainsi que des douloureux évènements récents. Ils furent accueillis à Maranello par les dirigeants de FCA et de Ferrari, dont Sergio Marchionne à la tenue toujours aussi décontractée...

Renzi, Merkel, Marchionne ont dû aussi évoquer Michael Schumacher


A cette occasion, le premier ministre italien a annoncé que pour récolter des fonds destinés à aider les populations touchées par le séisme, Ferrari allait mettre aux enchères une 500, ou plutôt une cinq centième. En effet, le constructeur produira une LaFerrari de plus que les 499 prévues initialement, et cette dernière construite sera mise aux enchères. Etant donné que les 499 premières LaFerrari sont déjà toutes vendues, on peut s'attendre à ce que les enchères atteignent quelques millions d'euros.

La Ferrari LaFerrari exposée à Autoworld il y a quelques mois


Plus discrètement mais aussi plus directement, le groupe FCA viendra lui aussi en aide aux sinistrés. Comment? D'abord en mettant à disposition une série de véhicules pour pallier aux premières nécessités sur les lieux du drame. Ensuite, au niveau des financements pour l'achat d'une voiture du groupe, le paiement des loyers sera suspendu pour les habitants des zones touchées, tandis que pour ceux qui ont perdu leur véhicule dans les tremblements de terre, un financement sans apport et sans intérêt sur une durée de 5 ans sera octroyé à l'achat d'une Fiat, Alfa Romeo ou Lancia neuve. Enfin, pour les véhicules endommagés mais réparables, Mopar fera une importante remise sur les pièces.

Tout cela représente bien peu par rapport aux vies perdues et aux souffrances de ceux qui restent, mais il n'empêche que de telles initiatives ne sont pas qu'une forme de publicité.

mardi 30 août 2016

Pebble Beach 2016 : Lancia au top

Traditionnellement au cours de la seconde quinzaine du mois d'août, tous les regards des amateurs d'automobiles de collection se tournent vers la Californie où se déroulent plusieurs évènements d'importance. A Monterey, sur le circuit de Laguna Seca, le sport automobile d'antan peut revivre quelques belles heures, tandis qu'à Pebble Beach, distant de quelques miles à peine, un des plus grands concours d'élégance d'automobiles anciennes prend possession des terrains de golf pour une journée chargée d'émotions.


Et cette année, l'Italie a été à l'honneur, puisque c'est une Lancia Astura cabriolet "tipo bocca" de 1936, carrossée par Pinin Farina, qui a été élue "best of the show". C'est la première fois depuis la création de ce concours d'élégance en 1950 que la victoire revient à une Lancia. Il n'y a eu que six exemplaires de cette Astura cabriolet carrossée par Pinin Farina à la demande d'un bien inspiré concessionnaire Lancia de Biella. Longue de 5,5 mètres, elle permet à 4 personnes de voyager très confortablement et peut atteindre les 130 km/h.

Equipées d'une noble mécanique à huit cylindres en V étroit (19°) délivrant la respectable puissance (pour l'époque) de 61 kW à 4000 tours/min, les Lancia Astura, dans les années 30, figuraient parmi  les plus luxueuses voitures italiennes, au point de séduire beaucoup de grands d'Italie et même de l'étranger.


L'exemplaire primé à Pebble Beach est chargé d'histoire. En 1962, cette Astura fut retrouvée en Grande-Bretagne, mais dans un état plus que moyen. Restaurée gracieusement par Pininfarina, trop heureux de retrouver un tel joyau, cette voiture a ensuite appartenu à Eric Clapton. Le célèbre guitariste en était visiblement ravi, puisqu'il déclara un jour à son propos: "c'est la chose la plus amusante que j'ai eu en dehors de la scène et du lit" !

Son propriétaire actuel, Richard Mattei, un entrepreneur américain plutôt épris d'Alfa Romeo, l'avait acquise en 2009. Il avait ensuite tenté de la vendre aux enchères en 2010, mais le prix de réserve fixé à 370.000 $ n'avait pas été atteint. Il décida alors de la restaurer une nouvelle fois, et c'est ainsi que la belle s'est retrouvée parmi d'autres divas sur le green de Pebble Beach et a finalement remporté ce concours d'élégance édition 2016.